Lors des elections nouvelles, des bulletins rejetes comptaient concernant pres de 2 % des voix exprimees. Dans ces cas, les bulletins de vote ont ete annules par les electeurs, volontairement ou non, de la facon ou de la nouvelle: croix multiples, messages de protestation, bulletins blancs, etc. Aux dernieres elections, votre parti tres informel de ceux qui annulent leur vote a ainsi obtenu plus de voix dans les urnes que l’Union des forces progressistes, le Parti vert et l’integralite des tiers partis!
Le syndicaliste Michel Chartrand, presente depuis des decennies comme votre homme au sens moral et civique exceptionnel, a souvent suggere d’annuler son vote. «Puisque tous les candidats veulent une bien, raille-t-il, il convient par gentillesse de donner une chance a chacun en tracant une excellente croix a cote du nom de chacun!» Pour cet homme qui vient de celebrer le 90e anniversaire, annuler le vote a i chaque fois ete une facon directe de protester contre le systeme et l’architecture politique en place. Notre chansonnier Richard Desjardins critique lui aussi, a ses heures, l’institution electorale, soulignant a la chance que puisque la population a dorenavant le droit de voter, il ne lui demeure plus qu’a obtenir le droit de selectionner.
Au systeme actuel, nos votes annules ne semblent pas comptabilises formellement mais se retrouvent dans la rubrique vague des «bulletins rejetes». Annuler le vote — ou meme ne point voter, tout juste — constitue pourtant une option politique, aussi si notre systeme politique tend a en minimiser la legitimite. «Au Quebec, le Directeur general des elections fournit de l’equipement aux ecoles Afin de apprendre aux jeunes a voter, en collaboration avec le ministere de l’Education», explique Francis Dupuis-Deri, professeur de science politique a l’UQAM. «Tout une systeme politique repose dans l’enseignement de ce comportement qui considere comme un delicieux citoyen celui qui vote.»
que rarement, croit l’universitaire: «Ce n’est jamais certain. Le vote, tel qu’il sera exerce, c’est d’abord la manifestation de la conception aristocratique d’une societe: le pouvoir est accapare par une elite, contrairement a ce www.datingmentor.org/fr/afrointroductions-review/ que laisse entendre l’idee selon laquelle le peuple est souverain par l’entremise de ses representants.»
Est-ce donc une faute pour un citoyen de ne point aller voter ou d’annuler son vote? Pour Vincent Lemieux, specialiste des phenomenes electoraux et professeur emerite a l’Universite Laval, le desengagement envers un chacun politique conventionnel est votre phenomene relativement recent qui touche l’ensemble des democraties dites occidentales. «Sauf dans deux ou trois pays, c’est partout qu’on constate desormais des taux de participation a votre baisse, surtout chez des jeunes. Si l’abstention de jeunes de 18 a 24 ans persiste, cela pourrait avoir de lourdes consequences sur le systeme.»
A l’heure ou la publicite de masse est le principal moyen qu’utilisent les partis politiques pour rejoindre la population, les individus se sentent plus eloignes que jamais des enjeux electoraux, croit Vincent Lemieux. «Certaines etudes ont montre qu’un contact direct au milieu des candidats encourage la participation. Mais l’eloignement de l’univers politique via rapport a la base populaire n’est certainement gui?re le seul facteur qui explique la depolitisation», s’empresse-t-il d’ajouter.
D’ou vient l’idee que celui-ci faille absolument voter? Dans l’histoire des remarques politiques, la recherche tout d’un monde meilleur ne semble s’i?tre pas toujours conjuguee avec la participation a un scrutin. Loin de la.
Jean-Jacques Rousseau lui-meme, dans Le Contrat social, affirme que la volonte populaire ne se delegue gui?re par le vote. «La souverainete ne pourra etre representee», dit-il. Rousseau raille tout particulierement les illusions qu’entretient a cet egard le parlementarisme britannique, dont la cure canadien est evidemment issu. Au Contrat social forcement, il ecrit Par exemple ceci: «Le peuple anglais crois etre libre; il se trompe tri?s, il ne l’est que durant l’election des membres du parlement; sitot qu’ils sont elus, il est esclave, i§a ne sera que dalle. En courts moments de sa propre liberte, l’usage que celui-ci en fera merite beaucoup qu’il la perde.»
Dans votre autre post celebre, le philosophe francais Jean-Paul Sartre soutient quant a lui que les elections ne semblent en fera qu’«un piege a cons». Apres s’etre livre a une longue analyse historique du systeme francais, Sartre en arrive a penser, dans votre texte des annees 60, que nos bulletins de vote, apres l’addition des suffrages, ne font nullement apparaitre l’interet commun du plus grand nombre mais bien le seul interet de quelques-uns, bien en forcant la plupart du temps les individus a trahir leurs interets collectifs. D’ou son sentiment que le refus de voter, sous une forme ou une nouvelle, puisse etre impeccablement legitime, voire pleinement raisonnable.
Dans plusieurs des mouvements de contestation qui animent et secouent toute l’histoire en pensee politique, on croit, au meme esprit, que le jeu electoral est tordu a sa base meme et qu’il ne sert, en definitive, qu’a reconduire Afin de un autre mandat des entites deja en place et quasi immuables.
Au Quebec, pour les elections de lundi, le collectif libertaire «Nous on vote jamais!» propose l’abstention selon une logique de simple opposition au i?tre capable de de l’Etat. Ce groupe disait hier, par voix de communique, vouloir «defendre la legitimite de l’abstention comme tri politique viable». Sur son site web, il explique que «l’Etat est la forme que te prend une classe Afin de asseoir une domination et la Realiser accepter au nom de “l’interet general”. L’Etat perpetue ainsi la societe divisee en classes sociales antagoniques: ceux qui possedent et ceux qui doivent bosser pour subvenir a leurs besoins».
Anais, une jeune preposee aux beneficiaires toute frele, ainsi, le ami Olivier, stagiaire en cooperation internationale, ont installe devant leur demeure, bien en haut tout d’un petit commerce du quartier Hochelaga-Maisonneuve, une banderole qui incite des passants a ne point voter. «On n’est gui?re des anarchistes, explique Olivier. Moi, je milite plutot pour l’environnement.» Quant a celle-ci, Anais s’interesse surtout au sort fera a toutes les malades en psychiatrie. Pour eux, nullement question de voter: la societe doit remplacer via d’autres moyens que des elections, qu’ils considerent correctement comme un «simple cirque».